samedi 12 septembre 2009

Desertec: un projet de développement durable intercontinental!

Le lundi 13 juillet 2009, à Munich, le Sahara était l'une des vedettes géographiques de Désertec, un projet, bien nommé, de développement durable assez époustouflant.
En effet, les représentants de douze entreprises, parmi lesquelles les allemands Deutsche Bank, E.ON, RWE, Siemens, le suisse ABB, l’espagnol Abengoa Solar et le groupe agroalimentaire algérien Cevital ont signé, ce jour-là, une «déclaration d’intention» en faveur de la construction d’un gigantesque réseau électrique autour de la Méditerranée qui pourrait générer, selon eux, deux millions d’emplois et couvrir 15% des besoins en électricité de l’Europe occidentale grâce à des centrales solaires thermiques installées dans les déserts d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Bien sûr, lors de la réunion de lancement du consortium, l’Allemagne était en position de force car sur-représentée avec, de plus, à la tête de cette aventure industrielle, l'assureur bavarois Munich Re dont le président déclare: «La question n’est pas de savoir si nous pouvons le faire mais comment nous allons le faire». Cette phrase prouve la détermination de cette coordination qui explique son engagement par le coût de l'assurance des catastrophes naturelles en déclarant: «Si nous ne répondons pas maintenant au problème du réchauffement climatique, cela nous coûtera, au bout du compte, beaucoup plus cher ».

Le but du projet Désertec est d'utiliser, essentiellement, le fort rayonnement du soleil dans le Sahara pour alimenter en électricité l'Europe et les pays producteurs( Site Internet de la fondation Desertec : http://www.desertec.org). La technique choisie part du principe qu'il est plus simple de stocker de la chaleur que de l'électricité. C'est la raison pour laquelle le projet ne fait pas appel à des panneaux solaires photovoltaïques qui transforment directement l'énergie solaire en électricité. Par conséquent, c'est tout un réseau de supercentrales solaires thermiques implantées dans les pays de la ceinture saharienne que l'on envisage de réaliser. Ces centrales concentreront au moyen de miroirs l'énergie solaire sur un fluide capable d'absorber et de conduire la chaleur. Ce sera de l'eau portée à ébullition; La vapeur d'eau fera tourner des turbines pour transformer l'énergie mécanique disponible en électricité. Ce dispositif a l'avantage de permettre de conserver, pendant la nuit, l'énergie récoltée durant le jour, et ainsi obtenir une arrivée constante d'électricité. Si le projet va jusqu'à son terme, le transport vers l'Europe du courant se fera par des lignes à haute tension posées au fond de la Méditerranée.
Ce transport du courant s’effectuera, selon les indusriels participants, sans grande perte d’énergie. Pour le prouver, ils citent l'exemple de Siemens qui réalise en Chine une ligne à haute tension de 5000 mégawatts sur 1400 kilomètres pour transporter une quantité de courant équivalant à la production de 5 centrales nucléaires.

En ce qui concerne la surface occupée par les centrales, les experts du projet Désertec ont calculé qu'une surface de 300 km2 couverte de paraboles solaires, c'est-à-dire un timbre poste sur le globe terrestre, suffirait théoriquement à couvrir les besoins énergétiques mondiaux. Dans le cadre du projet plus modeste Désertec, lui-même, il s'agit donc, de couvrir simplement « jusqu'à 15% des besoins de l'Europe à partir de 2025 ».
Cependant, selon la Fondation Désertec, elle-même, les conditions de la réussite sont très précises: d'une part, les centrales doivent être installées dans des pays stables politiquement pour garantir la sécurité de l'approvisionnement en électricité ; d'autre part, il faut trouver les moyens de financer des investissements colossaux, d'autant que le projet est supposé pouvoir s'auto-financer à long terme.
Au départ, il est nécessaire d'avoir une sécurité d'investissements, par exemple une garantie d'achat à un prix fixé. La règle est, tout de même, que l'électricité ne doit pas être subventionnée dans la durée. De ce fait, Torsten Jeworrek prévoie que Desertec devrait être concurrentiel d'ici 10 à 15 ans.

Pour terminer il faut signaler que le projet Désertec, soutenu par le privé mais fortement encouragé par le gouvernement allemand, est à l'origine une idée lancée par le club de Rome, un groupe de réflexion sur l'environnement qui réuni des scientifiques, des industriels et des fonctionnaires de 53 pays. Cette idée s'inscrit dans l'initiative de Coopération Transméditerranéenne pour l'Énergie Renouvelable (TREC= Trans-Mediteranean renewable Energy Cooperation), un réseau de scientifiques et d'experts également soutenu par le Club de Rome. TREC produit des études portant sur la sécurité énergétique de l'Europe, du Maghreb et du Proche-Orient. Enfin, TREC et Désertec, déjà en pourparlers avec des pays comme l'Algérie, la Tunisie, le Maroc ou la Jordanie, collaborent avec le projet de « Plan Solaire Méditerranéen », projet phare de l'Union pour la Méditerranée, qui envisage, entre autres, de développer « des capacités additionnelles d'électricité bas carbone, et notamment solaire », pour une puissance totale de 20 mégawatts sur le pourtour méditerranéen.
De ce fait, les oppositions politiques sont, déjà, canalisées. Son coût de 400 milliards d'euros pose encore quelques problèmes mais, pour une fois, les pays du Sud seraient les premiers bénéficiaires d'après Desertec. L'Europe passerait en second pour récupérer les 15% de ses besoins en électricité d'ici 2025 car, bien au delà du projet industriel et énergétique, il y a la volonté de rapprocher des peuples et des pays d'Orient et d'Occident au destin commun autour d'un projet fédérateur.