mercredi 24 mai 2017
Hommage à Maïr Rancher, qui prêchait l'enracinement par la créativité
La créativité est peut-être la tendance sociétale la plus fondamentale, dans le passé, le présent et le futur.
Ces jours-ci, j'ai appris avec tristesse le décès de Maïr à l'âge de 99 ans. Je lui avais succédé à la tête de l'association «Rosalinde Rancher Créativité 2000», aujourd'hui dissoute, et j'ai du mal à penser que Maïr, de son vrai nom Irma Rancher, ne sera plus là pour fasciner son entourage en se faisant l'avocate de la créativité.
J'ai du mal à me dire cela, car il me semble la voir cheminer vivante le long de son parcours.
Sa vie a commencé le 7 mai 1918 à Antibes. Son père, Victor Rancher, était apparenté au poète niçois Rosalinde Rancher et sa mère Ernesta était une Italienne, émigrée d'Émilie.
Après être passée par l'école normale de Nice (1935-1938), elle s'est marié en 1941, a eu un fils en 1943, puis s'est divorcée en 1952.
Professionnellement, elle sera directrice de l'école du Cap d'Antibes de 1945 à 1965. Très active, elle organise un ciné-club et fait la connaissance de Rose, la mère de J.F. Kennedy.
Sa vie privée va alors radicalement changer en rencontrant celui qu'elle surnommera Tovaritch: avec cet antiquaire, elle aura une vie commune de 1964 à 1984 et pénétrera dans le monde de l'art et de la peinture.
A partir de 1965, elle se tourne vers la psychologie. D'abord, elle se forme aux techniques de groupe (IFEPP – Psychodrame avec A.A.S... OFAJ et ISE avec Michel Lobrot) avec en parallèle le diplôme CAEI au CNPS.
Elle parachève ces études en 1980 en soutenant à Nice une thèse de 3e cycle en psychologie, intitulée «L'ANGOISSE A L'ECOLE COMMENT SE CONSTRUIT LA PERSONNE» qu'elle a rédigée sous la direction d'Alexandre Vexliard(1911-1997).
Jusqu'en 1985, elle s'est impliquée dans l'association AGORA-Méditerrannée (centre de psychologie humaniste à Nice).
Elle s'est ensuite lancée dans l'aventure de l'association «Rosalinde Rancher créativite 2000». D'abord, elle a regroupé autour d'elle des musiciens, poètes, peintres, danseurs, conteurs, conteurs du vieux Nice, etc., qui voulaient se nourrir de créativité, à l'exemple du poète niçois Rosalinde Rancher.
Pour s'impliquer complètement dans cette démarche, elle a ensuite voulu officialiser l'existence de ce groupe en déclarant l'association à la préfecture des Alpes-maritimes (déclaration au Journal Officiel de la République Française du 11 novembre 2000 (4884)) et simultanément, elle a entrepris de publier, ses poèmes, ses pensées et ses souvenirs:
2001: un recueil de poésies «Le souffle, la flamme, la braise, la cendre»
2002: 1er prix de poésie de la ville de Nice pour le recueil «Quelques cailloux sur le chemin de Rosalinde»
2005: un recueil «d'imprécations», intitulé «Il fallait que je le dise». Maïr Rancher, Editions Chemins de Plume, EAN:
2008 : c'est la sortie de son livre «Le coffre anglais » (Préface de Michel Lobrot;éditions Bénévent, ), dont elle fait la promotion.
Finalement, les fatigues de l'âge l'ont contrainte à progressivement se mettre en retrait de son association. Néanmoins, on peut citer parmi les dernières séances mémorables:
en 2010, le jeudi 23 décembre 2010, une rencontre de Noël et le 29 octobre 2011 à 15 heures au domicile de Bernadette Mistral (secrétaire de l'association), la réunion intitulée "Souvenirs et poésies", dédiée à Violette Girard, l'amie de Maïr (elles se connaissaient depuis leurs études à l'école normale de Nice) qui venait de disparaître.
En 2013, l'association est dissoute au cours de l'assemblée générale du samedi 23 novembre 2013 et, autre triste nouvelle, en 2016, c'est la soudaine disparition de Bernadette Mistral, qui avait remplacé Maïr pour accueillir chez elle les membres de l'association.
Aujourd'hui, en revoyant le parcours de Maïr, je perçois plus intensément la fascination qu'elle a exercée sur les personnes qui l'ont connue. Maîtresse d'école de profession, elle était devenue une psychologue, maîtresse de cérémonie de l'enracinement par la créativité, car elle cherchait sans cesse à lutter contre le déracinement culturel qui menaçait chacun.
La créativité, cette action subversive qu'elle cherchait à propager autour d'elle, donnait toute sa saveur à son existence. Dans son livre souvenir, «Le coffre anglais», son style tourbillonnaire épouse le bouillonnement créatif de la vie.
Elle était vraiment sensationnelle!
Robert Brugerolles
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